Impitoyables chasseurs : les strigidés

Beaucoup de gens sont fascinés par les strigidés (la grande famille des chouettes et des hiboux), et je n’y fais pas exception. L’une des raisons, selon moi, est que leurs yeux se situent devant la tête, plutôt que sur les côtés comme la majorité des oiseaux, ce qui leur donne quelque chose d’un peu humain. Je crois que d’une certaine manière, nous nous voyons en eux. Nous captons leur regard plus facilement et avons le sentiment qu’une connexion s’établit avec eux. Bien sûr, l’intérêt pour ces oiseaux vient aussi du fait qu’ils sont d’impitoyables chasseurs, grâce à leurs différentes adaptations hors du commun. Voici donc un survol de leurs principales particularités.

 

Une vue perçante

Cette Chouette lapone nous regarde, de dos, grâce à son incroyable capacité à tourner la tête à 270 degrés

Cette Chouette lapone nous regarde, de dos, grâce à son incroyable capacité à tourner la tête à 270 degrés

Bien que quelques espèces soient actives tant le jour que la nuit, la majorité chasse principalement dans la noirceur. Bien entendu, la vue est un atout essentiel pour se protéger des prédateurs et pour la chasse. Les strigidés ont donc évolué pour avoir des yeux démesurément grands, qui leur permettent de capter énormément de lumière. Il semblerait que, proportionnellement, si nous avions des yeux aussi gros que les leurs, ils auraient la dimension d’oranges. En plus, les yeux sont reliés au crâne par une partie cartilagineuse qui fixe les yeux dans leurs orbites. Cette adaptation minimise les microvibrations, permettant ainsi d’avoir une vue beaucoup plus précise. Pour compenser, leur cou possède un nombre impressionnant de vertèbres, leur permettant de tourner la tête à 270 degrés. En comparaison, nous sommes capables de tourner la nôtre à 90 degrés.

 

Une ouïe fine et précise

L’oreille droite est plus haute que l’oreille gauche

 L’outil principal des chouettes et des hiboux pour la chasse est l’ouïe. Dans la noirceur, ce sens est un incontournable. Leurs oreilles se situent bien entendu de chaque côté de la tête, mais contrairement aux autres animaux, elles sont asymétriques. En effet, l’une des deux oreilles est plus hautes que l’autre. Cela leur permet d’entendre un son de deux manières différentes et d’évaluer avec précision la distance et l’emplacement d’une proie. C’est par le principe de triangulation que cette estimation est aussi précise : un « triangle » est formé par trois points, soit le son émis par la proie, le bruit entendu par l’oreille gauche et le bruit entendu par l’oreille droite. On obtient alors un son en « 3D ». C’est ce qui leur permet, par exemple, de capturer des proies sous une épaisse couche de neige, simplement en écoutant attentivement. Finalement, le disque facial agit comme une parabole qui amplifie les sons et guide les ondes en les concentrant vers les oreilles, qui sont situées à l’arrière des yeux.

triangulation_chouettes_hiboux_ouïe

 En bref

Dans le cadre de ce blogue, je ne peux m’étendre en détails sur les adaptations des chouettes et des hiboux, car ce billet contiendrait certainement plusieurs pages! Donc, pour compléter, notons quelques adaptations en bref.

Les serres du Harfang sont recouvertes de plumes pour les protéger du froid

Leurs plumes sont particulières, puisqu’elles possèdent ce qui semblent être de petits « poils » sur les franges, qui leur permettent de voler totalement silencieusement. J’ai déjà eu la chance de tenir d’une main une plume de Pygargue à tête blanche et de l’autre une plume de Chouette lapone. En « battant des ailes » avec les deux plumes, j’ai pu constater que la différence est effectivement incroyable. Le pygargue produit un son qui permet de l’entendre arriver d’assez loin, alors que la chouette ne crée absolument aucun bruit.

Notons aussi les serres acérées et le bec crochu des strigidés. Les serres, caractéristiques de tous les rapaces tant diurnes que nocturnes, sont de véritables armes. Leurs longues griffes affilées permettent d’attraper les proies en plein vol tout en ne leur laissant aucune chance de s’échapper. Finalement, le bec recourbé, autre caractéristique commune à tous les rapaces, leur permettent de déchirer et d’ingérer la viande.

Voici donc une courte introduction sur les strigidés. J’espère avoir réussi à affûter vos connaissances sur ces oiseaux hors du commun, et n’hésitez surtout pas à m’écrire si vous avez des questions. Il me fera plaisir d’y répondre!

harfang_neiges_vol_serres
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