Les baleines ont des poux?

Un parasite, c’est quoi?

Un parasite est un organisme végétal ou animal qui vit au dépend d’un hôte (dans notre cas, la baleine à bosse). Sans cet hôte, le parasite n’est pas en mesure de compléter son cycle de vie. En nature, il existe différents types d’interactions biologiques, en fonction des effets nocifs ou positifs qu’ils peuvent créer sur leur hôte. Par définition, le parasitisme implique que seul le parasite tire profit de cette relation, tandis que l’hôte en tire des effets négatifs. Le commensalisme est une relation entre deux organismes dont l’un tire profit mais qui n’a aucun effet sur l’hôte (ni positif, ni négatif). Finalement, l’exact opposé du parasitisme est la relation symbiotique. Il s’agit de deux organismes qui s’apportent mutuellement l’un et l’autre (et donc dépendent l’un de l’autre!) pour être viable. Le lichen par exemple, est issu d’une interaction symbiotique entre une algue et un champignon.

 

Les balanes

On voit quelques balanes aux deux extrémités de la nageoire caudale de Gaspar, une baleine à bosse.

Les balanes sont des crustacés très communs. À première vue, on pourrait penser qu’il s’agit d’une espèce de mollusque, mais c’est un animal qui se rapproche pourtant beaucoup plus de la crevette que de la moule. Le « fun fact » le plus intéressant sur cet organisme, c’est qu’il possède, toutes proportions gardées, le plus long pénis du règne animal. En effet, comme à l’âge adulte il ne peut se déplacer, son organe sexuel doit être assez long pour aller féconder une autre balane qui se trouve à proximité. On parle d’une longueur pouvant atteindre 8 fois la longueur de son corps!! Bien qu’elles soient hermaphrodites, elles ne peuvent se reproduire avec elles-mêmes. À sa naissance, la petite balane est une larve qui nage en eaux libres avant de se trouver un endroit pour se fixer et y construire sa coquille qui deviendra sa maison. Elle se fixe sur des supports divers et variés tels qu’un quai, une coque de bateau ou encore… une baleine!

Il est fréquent d’observer des balanes sur les baleines à bosse par exemple. Elles profitent de ce support pour se fixer mais aussi pour voyager entre les différentes zones d’alimentation. On les observe habituellement sur la bordure des nageoires ou encore sous le menton, des endroits où il y a le moins de turbulences d’eau possibles pendant les déplacements de la baleine. Le poids total des balanes sur un cétacé peut atteindre 450kg, ce qui parait énorme! Mais rapporté au poids total de la baleine, c’est finalement peu. On parle donc ici de commensalisme. Les balanes tirent profit de l’animal hôte, sans pour autant lui causer d’effet négatif. Le seul dérangement que cela pourrait occasionner c’est qu’en fonction de la quantité de balane, il se peut qu’elles aillent un effet sur l’hydrodynamisme de la baleine hôte.

Un saut de Queen la baleine à bosse nous permet de voir les quelques balanes installées sous son menton, sorties de leurs coquilles

Lorsque les balanes se détachent, elles laissent une cicatrice sur la peau de l’hôte : un trace ronde caractéristique.


Les Diatomées

Ces taches jaunes-orangée sur la queue de Blizzard sont des diatomées. On aperçoit également de nombreuses balanes un peu partout sur sa queue.

Les diatomées sont de toutes petites algues très présentes dans tous les milieux aquatiques du monde, en eau douce comme en eau salée. Il arrive assez fréquemment qu’elles se fixent sur les mammifères marins, toutes espèces confondues. On les trouve souvent sur les animaux lents, ou malade, par exemple, mais aussi sur des animaux en excellente santé!

Durant l’été, les baleines se trouvent en eaux froides pour s’alimenter et, durant l’hiver, elles retournent dans les eaux plus chaudes ou à tout le moins, tempérées. Il existe de nombreuses hypothèses pour expliquer les grandes migrations des cétacés, mais une nouvelle a fait surface récemment et pourrait expliquer en partie pourquoi les diatomées auraient autant de facilité à s’installer sur les baleines. Une étude sur les épaulards de l’Arctique conclut que les baleines pourraient migrer pour muer ! On sait que les baleines, comme les humains, renouvellent sans cesse les cellules de leur peau. Or, il semblerait que ce n’est que très peu le cas en eau froide. L’étude émet l’hypothèse que pour favoriser la thermorégulation, moins de sang serait acheminé vers la peau, empêchant ainsi son renouvellement continu. Les parasites comme les diatomées peuvent alors facilement s’y installer et y rester pendant toute la saison estivale. Durant l’hiver, en arrivant dans les eaux chaudes, les baleines pourront muer et se débarrasser de ces algues, qui pourraient potentiellement leur créer des infections bactériennes. Que cette idée soit vraie ou fausse, je trouve cela complètement fascinant!

Ce saut de Seventeen, une baleine à bosse, nous permet d’apercevoir des diatomées sur sa nageoire pectorale droite


Les Poux (spoiler, c’est pas vraiment des poux…)

Et bien oui! Les baleines peuvent avoir des poux! Bon… Malgré leur nom, ce ne sont pas tout à fait des poux, puisque ce ne sont pas des insectes mais bien des crustacés. Plus précisément, il s’agit de Cyamidés. Pour eux, une baleine c’est une immense ile flottante. Ils ont besoin d’elle comme support, puisqu’ils ne pourraient pas survivre en plein eau. Leur seul moyen pour coloniser un nouvel hôte, c’est lorsque deux baleines entre en contact entre elles. Les poux s’installent dans les différents orifices (évent, fente génitale, paupière, etc.) de la baleine afin d’être protéger des grandes turbulences d’eau lors des plongées et des déplacements. Toutefois, il arrive à l’occasion que l’on puisse en apercevoir sur le dos d’un animal lorsque celui-ci nage à basse vitesse. Bien qu’il puisse y avoir jusqu’à 7000 individus sur une seule baleine, les poux ne créeraient, à priori, pas trop de problème à leur hôte. On parlerait donc encore une fois ici de commensalisme. En fait, la baleine pourrait même en tirer certains petits effets positifs puisque les poux se nourrissent des algues (comme les diatomées!) et des peaux mortes sur l’animal.

Il existe plusieurs espèces de poux de baleine et elles sont toutes unique à une espèce de baleine en particulier. C’est à dire que les poux que l’on retrouve sur une baleine à bosse ne sont pas de la même espèce que les poux que l’on retrouverait sur un cachalot par exemple. D’ailleurs, le cachalot est un exemple très intéressant puisqu’en plus d’être spécifique à l’espèce de baleine, les poux de cachalots ne sont pas les même sur les mâles que sur les femelles!

Très fort recadrage sur le dos de Queen la baleine à bosse. On y aperçoit quelques “poux” spécifique à cette espèce.

 

Voici donc les 3 parasites externes les plus communs chez les baleines. À tout le moins, ceux que j’ai pu observer à plusieurs reprises et documenter en photo. J’espère que le tout vous aura intéressé et que vous aurez appris quelque chose! Tout sur les baleines me fascine et être en mesure de comprendre concrètement les aspects « théoriques », que j’ai appris au fil des années grâce mes images, c’est un pur bonheur pour moi. Que voulez-vous, j’aime apprendre!

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